11 aout: FCE de Fianarantsoa vers Manakara
Grand évènement ce matin et un levée aux aurores pour joindre la gare et Fianar et le FCE (pour Fianaransoa Côte Est).
Wagons hors âge rouillés, odeurs mélées d'urine et de gasoil qui nous accompagneront toute la journée. L'antique convoi démarre dans un fanfare de grincements, de cris d'enfants et de trompe du train. Nous appartenons désormais au spectacle roulant pour quelques 12 heures de voyage et 173 kms, 17 gares et on ne sait combien d'arrêts et de tunnels...C'est la grande aventure tropicale et les surprises de la forêt humide.
A chaque gare, c'est le train qu'on fête et les habitants y viennent à l'assaut pour y proposer brèdes, beignets, saussises et poulet, poissons frits et écrevisses, mandarines et oranges amères, cacahuètes, vanille, poivres et baies…
c'est aussi l'image du dénûment, d'une pauvreté extrême, de la dénutrition.
C'est pour Flore une journée importante de révélation, de douceur, de lenteur et de rêve. Elle partage beaucoup avec les enfants, regards, bonbons et complicité.
Arrivée à Manakara et installation à l’hôtel « Parthenay Club» après un petit incident d'organisation. Bel espace surplombé par l'océan Indien. Nuit dans une petite case malgache avec son charme (raphia et bois) et ses aléas ( tourments sonores et petites bêtes qui se sont invitées pendant la nuit en venant chatouiller Laurent).
Émotion" Moramora" est inscrit artisanalement sur un panneau de bois pour inciter les chauffeurs à ralentir dans des lieux dangereux ou exposés. Ce terme traduit aussi la nonchalance dans la réalisation imposant une participation humaine, mais aussi la pondération et la mesure dans la prise de décision, la modération. Bref, il véhicule l'idée que toute précipitation peut être délétère (Patricia Rajeriarison & Sylvain Urfer "idées reçues: Madagascar" Éditions le Cavalier bleu. Paris 2010). L'extraordinaire lenteur du voyage, les pauses interminables, la nonchalance et l'acceptation de l'attente dans des conditions difficiles du voyage ferroviaire en seconde classe (collé-collé, serré-serré) représentait une mise en condition forte du Moramora. Pour nous aussi...
Images: fin du voyage, le jour tombe. Les voyageurs sont fatigués, couverts de poussière, les cheveux collés et hirsutes, les yeux hagards et brillants. Ils regardent leur congénères immobilisés sur les quais pendant les longues périodes d'attente en gare. Deux populations se scrutent et se regardent mutuellement." Étranges étrangers" en spectacle mutuel!